Pleine terre ou crémation ? Ce que dit l’Église Catholique.

En 2016, la Congrégation pour la doctrine de la foi a réaffirmé la préférence de l’Église catholique pour l’inhumation des corps, tout en reconnaissant que « la crémation n’est pas interdite ». Elle en a profité pour établir les normes entourant la conservation des cendres.

Cimetière Militaire du Faubourg d’Amiens. Lieu d'hommage et de recueillement.
Cimetière Militaire du Faubourg d’Amiens. ©Gabipicture

C’est pour la première fois en 1963 que l’Église s’est prononcée officiellement sur le sujet de la crémation. Tout en demandant de « maintenir fidèlement la coutume d’ensevelir les corps des fidèles », le Saint-Office avait expliqué que la crémation n’était pas « contraire en soi à la religion chrétienne », pourvu qu’elle ne soit pas la manifestation d’« une négation des dogmes chrétiens ».

Depuis, la pratique s’est répandue. A titre d’exemple en france, de 5 000 crémations en 1980 ce qui représentait 1 % des décès, le nombre de crémations est passé à 129 392 en 2005, soit presque 25 % des décès. Et ce chiffre ne fait que s’accroitre. Notre rapport à la mort et l’évolution des croyances à ce sujet ainsi que les aspects purement pratiques ont fortement boulversé la manière dont nous enterrons nos défunts. Selon le cardinal Gerhard Müller, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi « On peut raisonnablement dire que, dans un futur proche, dans de nombreux pays, la crémation sera considérée comme la pratique ordinaire ».

« Foi en la résurrection de la chair »

La religion joue une part importante dans le développement de la pratique de la crémation. Ainsi, en Europe du Nord où l’influence protestante est forte, l’incinération est plus développée que dans les pays d’Europe du Sud, majoritairement catholiques. L’Irlande catholique faisant un peu exception au nord. En effet, les Eglises protestantes calviniste et luthérienne ont autorisé la crémation depuis 1898, alors que l’Eglise catholique a maintenu son interdiction alors même que la loi de 1886 l’autorisait. La crémation fut alors promue par les libres-penseurs, opposés au catholicisme et à la foi en la résurrection des corps. En revanche, les chrétiens orthodoxes, les juifs et les musulmans interdisent toujours la crémation et ne pratiquent que l’inhumation.

Le P. Serge-Thomas Bonino, dominicain, secrétaire de la Commission théologique internationale explique que « l’inhumation est d’abord et avant tout la forme la plus idoine pour exprimer la foi et l’espérance dans la résurrection du corporel. En ensevelissant les corps des fidèles, l’Église confirme la foi en la résurrection de la chair et veut mettre l’accent sur la grande dignité du corps humain, en tant que partie intégrante de la personne, dont le corps partage l’histoire. »

Lire à ce sujet notre article sur « Fleurissons nos cimetières« .

La Congrégation précise que la pratique de la crémation « ne touche pas à l’âme et n’empêche pas la toute-puissance divine de ressusciter le corps ». « Elle ne contient donc pas, en soi, la négation objective de la doctrine chrétienne sur l’immortalité de l’âme et la résurrection des corps ».

Mais il est important de garder dans l’esprit que la crémation, peut facilement laisser transparaître « des attitudes et des rites impliquant des conceptions erronées de la mort, considérée soit comme l’anéantissement définitif de la personne, soit comme un moment de sa fusion avec la Mère-nature ou avec l’univers, soit comme une étape dans le processus de réincarnation, ou encore comme la libération définitive de la “prison” du corps ».

Cimetière Militaire du Faubourg d’Amiens. Lieu d'hommage et de recueillement.
Cimetière Militaire du Faubourg d’Amiens ©Gabipicture

Les normes entourant la conservation des cendres selon l’Église Catholique.

Afin d’éviter tout dérives ou la perte du sens sacré de la mort, l’Église a édicté un certain nombre de règles quant à la conservation des cendres. Celles-ci « doivent être conservées normalement dans un lieu sacré, à savoir le cimetière ou, le cas échéant, une église », afin de « réduire le risque de soustraire les défunts à la prière et au souvenir de leur famille et de la communauté chrétienne », et d’éviter les « éventuels oublis et manques de respect qui peuvent advenir surtout après la disparition de la première génération, ainsi que des pratiques inconvenantes ou superstitieuses ».

Par conséquent, « la conservation des cendres dans l’habitation domestique n’est pas autorisée », sauf « circonstances graves et exceptionnelles », pour éviter toute « casuistique ». L’Église refuse surtout toute les conservations effectuées « dans des souvenirs, des bijoux ou d’autres objets ». « Pour éviter tout malentendu de type panthéiste, naturaliste ou nihiliste, la dispersion des cendres dans l’air, sur terre, dans l’eau ou de toute autre manière, n’est pas permise », précise le document. « Disperser les cendres procède souvent de l’idée que, avec la mort, l’homme entier est anéanti ou arrive à la fusion avec la nature », met en garde Mgr Angel Rodríguez Luño, professeur de théologie morale et consulteur de la Congrégation pour la doctrine de la foi.

L’Eglise a donc un rôle de sensibilisation des fidèles et ce bien avant qu’ils se présente pour des funérailles. Le père Bonino insiste sur « le travail indéniablement de catéchèse à faire ». Il met aussi en garde contre la « privatisation de la mort ». « La commémoration des défunts, le 2 novembre, est une bonne occasion de rappeler que la mort d’un baptisé concerne la famille, la communauté et toute l’Église, précise-t-il. Or, la destruction brutale du corps par la crémation ne permet pas le travail communautaire symbolique que permet l’inhumation. »

Tout ce travail de commémoration est rendu possible par les innombrables cimetières que nous trouvons tout autour de chez nous. N’hésitons pas à nous y rendre début novembre, mais aussi tout l’année pour entretenir, mais surtout prier pour les défunts. Trop de tombes et de caveaux sont en ruine par manque d’entretien ou par la dispersion géographique des familles.

Si vous êtes à la recherche d’un cimetière près de chez vous, vous pouvez consulter ici une carte les réunissant tous pour la région Wallonne.

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Les cendres funéraires dans la législation belge

Conformément à la loi, les proches peuvent disposer des cendres de la dépouille mortelle de différentes manières. Ils peuvent :

  • les déposer dans une urne, qui sera enterrée au cimetière ou placée dans le columbarium du cimetière 
  • les disperser sur une pelouse cinéraire du cimetière 
  • les disperser sur la mer territoriale contiguë au territoire de la Belgique 
  • les transférer à l’étranger

Le défunt peut également avoir pris, de son vivant, des dispositions écrites à ce sujet. Si ce n’est pas le cas, les proches feront le choix qui leur semble le plus adapté.

Pour en savoir plus sur les inhumations et incinérations en Belgique, veuillez consulter le site officiel ici.

Psaumes pour les défunts

Retrouvez une proposition de cérémoniale pour des obsèques ici

PSAUME 22 (23)

Le Seigneur est mon berger:
je ne manque de rien.
Sur des prés d’herbe fraîche,
il me fait reposer.

Il me mène vers les eaux tranquilles
et me fait revivre;
il me conduit par le juste chemin
pour l’honneur de son nom.

Si je traverse les ravins de la mort,
je ne crains aucun mal,
car tu es avec moi:
ton bâton me guide et me rassure.

Tu prépares la table pour moi
devant mes ennemis,
tu répands le parfum sur ma tête,
ma coupe est débordante.

Grâce et bonheur m’accompagnent
tous les jours de ma vie;
j’habiterai la maison du Seigneur
pour la durée de mes jours.

PSAUME 129 (130)

Des profondeurs je crie vers toi, Seigneur,
Seigneur, écoute mon appel !
Que ton oreille se fasse attentive
au cri de ma prière !

Si tu retiens les fautes, Seigneur,
Seigneur, qui subsistera ?
Mais près de toi se trouve le pardon
pour que l’homme te craigne.

J’espère le Seigneur de toute mon âme ;
je l’espère, et j’attends sa parole.
Mon âme attend le Seigneur
plus qu’un veilleur ne guette l’aurore.

Oui, près du Seigneur, est l’amour ;
près de lui, abonde le rachat.
C’est lui qui rachètera Israël
de toutes ses fautes.