Retrouvez dans cet article les faits marquants accompagnés de photos et le résumé des funérailles de Benoît XVI. Vous trouverez aussi l’homélie complète du Pape François en bas de page.
Les funérailles de Benoît XVI ont été placées sous le signe de la vie éternelle. Elles ont été célébrées place Saint Pierre à Rome par le pape François, plus de 120 cardinaux, 400 évêques et quatre mille prêtres et en présence de plus de 60 000 fidèles, ainsi que de nombreux invités officiels et dignitaires religieux du monde entier, dont le roi Philippe et la reine Mathilde. Le brouillard romain recouvrait la place et touchait la majestueuse coupole de la basilique Saint Pierre tel le ciel touchant la terre.
« Père, entre tes mains je remets mon esprit. » est l’extrait-clé de l’Evangile lu pour cette liturgie.
Le pape François a dit dans son homélie :
« Le pasteur prend les mains de Jésus. Être pasteur veut dire aimer, et aussi prêt à souffrir, avec la consolation de l’Esprit. Aujourd’hui, le peuple de Dieu conduit son pasteur vers le Père. Nous confions notre frère au Père. Benoît, que ta joie soit parfaite en entendant sa voix. »
En raison des difficultés du Saint-Père à se déplacer, c’est le cardinal Giovanni Battista Re, doyen du Collège cardinalice, qui a célébré, comme c’est le cas depuis quelques mois.
À la fin de la messe, la dépouille de Benoît XVI a été transportée jusqu’aux Grottes vaticanes, soit la crypte située sous la basilique, où sont enterrés d’autres Papes. Selon un rite spécial, un ruban a été placé autour du cercueil en cyprès avec les sceaux du Chapitre de Saint-Pierre, de la Maison pontificale et du Bureau des célébrations liturgiques. Le cercueil en cyprès a été placé dans un cercueil en zinc qui a été soudé et scellé, et qui a été son tour placé dans une boîte en bois qui a été placée dans l’ancienne tombe de saint Jean-Paul II.
et apporté dans la crypte de la basilique
Homélie du pape François pour les funérailles du pape Benoît XVI
« Père, entre tes mains je remets mon esprit » (Lc 23, 46). Ce sont les dernières paroles que le Seigneur a prononcées sur la croix ; son dernier soupir – pourrait-on dire -, qui confirme ce qui a caractérisé toute sa vie : une permanente remise de soi entre les mains de son Père. Des mains de pardon et de compassion, de guérison et de miséricorde, des mains d’onction et de bénédiction qui le poussèrent à se livrer aussi aux mains de ses frères. Le Seigneur, ouvert aux histoires qu’il rencontrait sur son chemin, s’est laissé ciseler par la volonté de Dieu en prenant sur ses épaules toutes les conséquences et les difficultés de l’Évangile, jusqu’à voir ses mains meurtries par amour : « Vois mes mains », dit-il à Thomas (Jn 20, 27), et il le dit à chacun de nous. Des mains meurtries qui vont à la rencontre et ne cessent de s’offrir, afin que nous connaissions l’amour que Dieu a pour nous et que nous croyions en lui (cf. 1 Jn 4, 16).[1]« Père, entre tes mains je remets mon esprit » est l’invitation et le programme de vie qui inspire et veut modeler comme un potier (cf. Is 29, 16) le cœur du pasteur, jusqu’à ce que palpitent en lui les mêmes sentiments que ceux du Christ Jésus (cf. Ph 2, 5). Dévouement reconnaissant de service au Seigneur et à son Peuple qui naît du fait d’avoir accueilli un don totalement gratuit : “Tu m’appartiens… Tu leur appartiens”, susurre le Seigneur ; “Tu es sous la protection de mes mains, sous la protection de mon coeur. Reste dans le creux de mes mains et donne-moi les tiennes”.[2] C’est la condescendance de Dieu et sa proximité capable de se placer dans les mains fragiles de ses disciples pour nourrir son peuple et dire avec lui : prenez et mangez, prenez et buvez, ceci est mon corps qui s’offre pour vous (cf. Lc 22, 19).Un dévouement priant, qui se façonne et s’affine silencieusement entre les carrefours et les contradictions que le pasteur doit affronter (cf. 1 P 1, 6-7) et l’invitation confiante à paître le troupeau (cf. Jn 21, 17). Comme le Maître, il porte sur ses épaules la fatigue de l’intercession et l’usure de l’onction pour son peuple, surtout là où la bonté doit lutter et où les frères voient leur dignité menacée (cf. He 5, 7-9). Dans cette rencontre d’intercession, le Seigneur continue à générer la douceur capable de comprendre, d’accueillir, d’espérer et de parier au-delà des incompréhensions que cela peut susciter. Une fécondité invisible et insaisissable, qui naît du fait de savoir dans quelles la confiance a été placée (cf. 2 Tm 1, 12). Une confiance priante et adoratrice, capable d’interpréter les actions du pasteur et d’adapter son cœur et ses décisions aux temps de Dieu (cf. Jn 21, 18) : « Être le pasteur veut dire aimer, et aimer veut dire aussi être prêt à souffrir. Aimer signifie : donner aux brebis le vrai bien, la nourriture de la vérité de Dieu, de la parole de Dieu, la nourriture de sa présence ».[3]Un dévouement soutenu par la consolation de l’Esprit, qui le précède toujours dans la mission : dans la quête passionnée de communiquer la beauté et la joie de l’Évangile (cf. Exhort. Ap. Gaudete et exsultate, n. 57), dans le témoignage fécond de ceux qui, comme Marie, restent de bien des manières au pied de la croix, dans cette paix douloureuse mais solide qui n’agresse ni ne soumet ; et dans l’espérance obstinée mais patiente que le Seigneur accomplira sa promesse, comme il l’avait promis à nos pères et à sa descendance à jamais (cf. Lc 1, 54-55).Nous aussi, fermement attachés aux dernières paroles du Seigneur et au témoignage qui a marqué sa vie, nous voulons, en tant que communauté ecclésiale, suivre ses traces et confier notre frère aux mains du Père : que ces mains de miséricorde trouvent sa lampe allumée avec l’huile de l’Évangile qu’il a répandue et dont il a témoigné durant sa vie (cf. Mt 25, 6-7).Saint Grégoire le Grand, à la fin de la Règle pastorale, invite et exhorte un ami à lui offrir cette compagnie spirituelle : « Au milieu des tempêtes de ma vie, je me console par la confiance que tu me tiendras à flot sur la table de tes prières, et que, si le poids de mes fautes m’abat et m’humilie, tu me prêteras le secours de tes mérites pour me relever ». C’est la conscience du pasteur qu’il ne peut pas porter tout seul ce que, en réalité, il ne pourrait jamais supporter tout seul et, par conséquent, il sait s’abandonner à la prière et au soin du peuple qui lui est confié.[4] C’est le peuple fidèle de Dieu qui, rassemblé, accompagne et confie la vie de celui qui a été son pasteur. Comme les femmes de l’Évangile au sépulcre, nous sommes ici avec le parfum de la gratitude et l’onguent de l’espérance pour lui démontrer, encore une fois, l’amour qui ne se perd pas. Nous voulons le faire avec la même onction, sagesse, délicatesse et dévouement qu’il a su prodiguer au cours des années. Nous voulons dire ensemble: “Père, entre tes mains nous remettons son esprit”.
Benoît, fidèle ami de l’Époux, que ta joie soit parfaite en entendant sa voix, définitivement et pour toujours !
BOLLETTINO N. 0008 – 05.01.2023