Le suaire en bref
Le suaire de Turin est à la fois un objet de vénération pour ceux qui y voient le visage du Christ crucifié, et de recherches et discussions passionnées pour les scientifiques. Les savants n’aiment pas le mot mystère. Pourtant après plusieurs centaines d’expériences, d’expertises, d’hypothèses et de calculs depuis 100 ans, le Saint Suaire résiste toujours à la science.
« Le Saint Suaire représente, de par les caractéristiques de son empreinte, un renvoi direct et immédiat à la Passion du Christ. Il se propose comme un véhicule d’évangélisation. Une évangélisation qui aujourd’hui, dans l’ère de la communication globale et technologique, ne peut pas ignorer la présence ponctuelle et efficace des canaux de dialogue contemporains où se forme la connaissance, se développent des débats et se confrontent les personnes. » lit-on sur le site Cathobel.
Sous ce titre, brève description de l’objet: la toile de lin, le linceul, avec ses traces de feu et la double image du corps crucifié, impossible à reproduire expérimentalement. Le suaire de Turin porte des traces de sang d’un homme torturé, d’après Cathobel. Le tissu de grande valeur révèle une méthode de tissage connue en Palestine jusqu’au IIe siècle. En continu depuis aujourd’hui jusqu’à 1351, elle pourrait bien, malgré quelques périodes incertaines, remonter jusqu’au Ier siècle. Par les procédés actuels, elle estime que le lin du tissu, végétal analysable par ce procédé, contient une proportion de carbone 14 correspondant à la période 1260-1390. Mais cette datation rend encore plus énigmatique la formation d’une image impossible à reproduire aujourd’hui.
Elle n’a pas été faite à main d’homme, ni par machine dirigée par l’homme. Ses caractéristiques sont tout à fait singulières: le lin a été roussi de manière à former uniquement l’image du corps d’un crucifié. Des taches de sang montrent les plaies. Flagellé, couronné d’épines, cloué sur une croix, l’image et les coulées de sang reproduisent toute la passion du Christ telle que les évangélistes la décrivent, et telle que des chirurgiens peuvent l’analyser aujourd’hui, sans aucune erreur.
Ce linceul, qui aurait enveloppé le corps du Christ, est entouré d’une grande dévotion, même si l’Eglise n’en fait pas un objet de foi, reconnaissant les recherches de chercheurs qui établissent sa fabrication possible au Moyen Âge. Mais elle y voit un objet de piété capable de rapprocher du mystère de la Passion de Jésus.
« Le Visage du Suaire communique une grande paix »
« L’Homme du Suaire nous invite à contempler Jésus de Nazareth. Cette image – imprimée dans la toile – parle à notre cœur et nous pousse à gravir le Mont du Calvaire, à regarder le bois de la croix, à nous immerger dans le silence éloquent de l’amour. Laissons-nous donc rejoindre par ce regard, qui ne cherche pas nos yeux mais notre cœur. Écoutons ce qu’il veut nous dire, dans le silence, en passant au-delà de la mort-même. À travers le Saint Suaire nous parvient la Parole unique et ultime de Dieu : l’Amour fait homme, incarné dans notre histoire ; l’Amour miséricordieux de Dieu qui a pris sur lui tout le mal du monde pour nous libérer de sa domination. Ce Visage défiguré ressemble à tant de visages d’hommes et de femmes blessés par une vie qui ne respecte pas leur dignité, par des guerres et des violences qui frappent les plus faibles… Pourtant le Visage du Suaire communique une grande paix ; ce Corps torturé exprime une souveraine majesté. C’est comme s’il laissait transparaître une énergie contenue mais puissante, c’est comme s’il nous disait : aies confiance, ne perd pas l’espérance ; la force de l’amour de Dieu, la force du Ressuscité vainc tout. »
Le pape François en 2013
Quelques dates
1357 ; Le suaire apparaît pour la première fois dans la collégiale fondée par Geoffroy Ier de Charny où il attire des foules considérables
1453 ; Chambéry, église de Franciscains. Marguerite de Charny, fille de Geoffroy II de Charny cède le Linceul à Louis Ier duc de Savoie
1532 ; Sainte chapelle de Chambéry. Dans la nuit du 3 au 4 décembre, un incendie ravage la sacristie. Le linceul est sauvé. Il conserve de cette mésaventure des traces de brûlures et des cernes d’eau. Les parties détruites par le feu sont rapiécées en 1534.
1578 ; Turin. Le duc de Savoie transfère le Linceul dans sa nouvelle capitale.
1898-1903 ; A la suite des premières photographies, polémiques sur l’authenticité. L’historien Ulysse Chevalier édite les textes qui concernent l’histoire du suaire. Il publie le rapport de Pierre d’Arcis, datant de 1389, assurant que le Linceul a été peint par un artiste (artifex) dont son prédécesseur Henri de Poitiers avait obtenu les aveux.
1931, 1933 et 1973 ; ostensions et expositions
1878 ; ostension à la suite de laquelle des chercheurs scientifiques procèdent à des prélèvements en vue d’analyses scientifiques.
Histoire certifiée du linceul en bref
Abbé Philippe Dalleur Docteur en Sciences appliquées, Docteur en Philosophie
» En 1357, le Saint Suaire, actuellement vénéré à Turin, apparaît dans l’église de Lirey (bâtie en 1353) en France, dans le fief de Geoffroy de Charny. Une petite pièce de plomb de 5×3 cm conservée au Musée de Cluny à Paris, montre une représentation du Suaire surmontant l’image d’une tombe appartenant à Jeanne de Vergy et à son époux Geoffroy de Charny, mort en 1356 : on date cette pièce de 1356-1370. L’évêque de Troyes à cette époque, Henri de Poitiers, est mécontent de la venue de cette nouvelle relique d’origine inconnue dans son diocèse. En 1370, toute ostension est interdite. Le Suaire est placé au Château de Montfort-en-Auxois jusqu’en 1389. Cette année-là, les ostensions reprennent suite à la permission accordée par un cardinal légat et ensuite par le Pape Clément VII. Les pèlerins affluent. Mais le deuxième successeur d’Henri de Poitiers, l’évêque Pierre d’Arcis, écrit une protestation au Pape dans une lettre (l’authenticité de celle-ci est mise en doute). En tout cas, elle n’a pas eu l’effet escompté : le Pape maintint l’autorisation accordée aux chanoines de la collégiale de Lirey.
Lors de la guerre de Cent Ans, le linceul fut mis en sécurité en 1418 chez le comte de la Roche époux de Marguerite de Charny. Cette dernière refusa de rendre le Suaire aux chanoines en 1443, la dispute s’envenima et conduisit Marguerite à l’excommunication en 1457. En réalité, ayant besoin de titres ou d’argent, elle avait déjà cédé le linceul à Louis 1er, duc de Savoie, dès 1453. Cette cession se fit dans la discrétion, puisque le commerce de reliques était interdit. Le linceul se retrouve à Genève.
En 1471, la relique privée de la famille de Savoie est reconnue authentique par le Pape Sixte IV. Jules II accorda même des indulgences pour le culte de la relique. On réalisa alors plusieurs copies du Suaire. En 1502, elle sera déposée dans la chapelle du Château de Chambéry, pliée dans un reliquaire en argent..
C’est là qu’elle subira en 1532, un incendie qui brûlera en partie la relique. Une goutte d’argent liquide la transpercera. Les Clarisses de la ville la répareront. On fera alors voyager la relique un peu partout dans la région. Ce n’est qu’en 1578 que la relique sera définitivement installée à Turin.
Son histoire se déroule alors sans problème majeur jusqu’en 1898, date à laquelle Secondo Pia, un avocat italien passionné de photographie, va développer la toute première
photographie du Suaire. Le négatif par lequel il doit passer pour obtenir une telle photographie, impressionne grandement par son contraste plus réaliste que le linceul original. En 1931, lors d’une ostention, Enrié prendra des photographies plus contrastées encore.
Le reste est de l’histoire moderne. En 1978, le STURP (Shroud of Turin Research Project) composé d’une équipe scientifique, analyse le Suaire à la loupe. Leurs résultats sont
étonnants. Max Frei trouve des pollens de plantes du Moyen Orient sur le tissu. L’analyse anatomique montre une précision médicale inhabituelle. Mais on ne veut réaliser
aucune expérience destructive, donc pas encore de datation au C14. A cette époque en effet, l’échantillon nécessaire pour une datation correcte est trop grand pour être acceptable. En 1979, Gove demande et obtient la permission de réaliser des mesures avec sa nouvelle méthode de datation AMS au C14 : les résultats semblent tellement aberrants qu’ils seront rejetés. En 1980, Ugolotti et Marastoni découvrent des inscriptions sur le Suaire.
Il faudra attendre 1988 avant de mettre tout le monde d’accord au sujet du C14 (l’Eglise qui en devint propriétaire en 1983, les laboratoires, les protocoles de mesure, etc.). Le résultat des mesures donne un âge d’environ 700 ans (de 1260 à 1390 après Jésus-Christ). Mais les laboratoires divergent nettement dans leurs mesures, en particulier le laboratoire d’Oxford, et cela uniquement pour les échantillons du Suaire. Le niveau significatif d’accord entre les trois résultats est de 5%, alors que pour les trois autres échantillons de test, le niveau significatif (montrant l’accord des mesures entre les laboratoires) est élevé (30%, 50% et 90% : voir le numéro 337 de Nature, février 1989, pp. 611-615 et notre page de proposition d’expériences).
En 1993, a lieu à Rome un congrès sur le Suaire de Turin : plusieurs scientifiques s’interrogent sur les méthodes et le protocole suivis pour la datation au C14, et mettent en doute
certains résultats et interprétations. Le linceul pourrait avoir subi un enrichissement en C14 au cours de son histoire mouvementée. Les causes d’enrichissement possibles vont des
échanges ioniques lors des incendies (atmosphère très chaude riche en carbone jeune, avec catalyse de traces d’argent selon Kouznetsov), présence de matières organiques
inanimées ou vivantes (le tissu a été vénéré par des pèlerins et a été encensé, manipulé par beaucoup et probablement plus en touchant les bords que l’image, présence de bactéries ou de moisissures, etc.).
On possède des allusions écrites et des représentations du Suaire antérieures à la datation des laboratoires (par exemple le Codex de Pray de 1150, comme l’explique le prof. Lejeune). Entre 1994 et 1996, l’Institut d’optique d’Orsay (A. Marion et A.-L. Courage) confirme la présence d’inscriptions en grec et latin sur le Suaire (rien en français du 13e s.).
En avril 1997, la cathédrale de Turin subit un incendie qui sera à deux doigts de détruire le linceul, sauvé par l’équipe de pompiers de la ville. 1998 est l’année du 100e anniversaire de la photo de Secondo Pia, et le cardinal Saldarini la proclame année d’ostention. Il en sera de même lors de l’année sainte de l’an 2000 « .
Recherches récentes
Prof Dr Philippe BOXHO – Professeur de médecine légale à l’Université de Liège
Professeur de médecine légale à l’Université de Liège, Philippe Boxho a autopsié le suaire de Turin: «Si ce n’est pas Jésus, c’est un homme mort de la même manière que lui». Il a autopsié plus de 2000 cadavres dans sa vie. Et il s’est intéressé au suaire de Turin qui représente, pour lui, « une véritable scène de crime ». Ses découvertes l’amènent à penser que le suaire serait bel et bien celui de Jésus.
Athée, Philippe Boxho ne croit pas que Jésus soit le fils de Dieu mais il est persuadé en revanche qu’il s’agit bien d’un personnage historique, dont les détails de la vie ont été relatés par de nombreuses sources historiques. En tant que scientifique, il s’est passionné depuis plusieurs années par l’histoire du linceul de Turin, ce drap de lin de 4 mètres sur un, et vénéré par l’Église comme étant celui qui a entouré le corps du Christ dans son tombeau. L’image floue de son corps et de ses blessures, de face et de dos, y est restée imprimée via la sueur et le sang. Il a été photographié sous toutes ses coutures et a déjà fait l’objet de nombreuses analyses. « Si ce n’est pas Jésus, c’est un homme mort de la même manière que lui », explique-t-il. Source: Luc Gochel, www.lameuse.be
Dr Agostino SFERRAZZA, médecin généraliste à Liège et numismate (expert en pièces de monnaie)
Extrait de son article disponible ici: http://www.bulletin-numismatique.fr/bn/pdf/bn137.pdf
Nous nous trouvons devant des détails infimes en apparence, qui ont échappés à toute analyse avant 1978, nécessitant pour être perçu un appareillage ultra-sophistiqué et qui permettraient non seulement d’écarter une nouvelle foisl’hypothèse d’un faussaire, mais aussi de dater avec une précision méticuleuse la « fabrication » de l’image du Suaire :sous Ponce Pilate, certainement pas avant (la piécette n’existait pas encore !) Et pas plus tard, car, cette pièce de très petite valeur n’ayant qu’une très faible valeur faciale, personne n’avait de raison d’en conserver. Or Pilate n’a été procurateur de Judée que de 26 à 36.
D’aprèsle professeur Baima Bollone, médecin légiste italien, la monnaie couvrant l’œil gauche qui vient d’être identifiée grâce à des techniques d’analyses développées, « est
une donnée incontestable…. les chances pour que cette toile ait pu recouvrir le corps de Jésus Christ sont considérables » (sic). D’autres ne voient dans ces images que des constructions techniques. Comme le rapporte Monsieur Marcel Alonso qui a produit un travail énorme et très intéressant sur le suaire de Turin : «Antoine de St-Exupéry
disait : on ne comprend bien qu’avec le cœur ».
Force est de reconnaître que si le suaire n’était qu’un linceul habillement manipulé pour tromper les pèlerins alors le faussaire médiéviste en plus d’être un incroyable artiste, un astucieux prestidigitateur, aurait eu des compétences poussées en Chimie, en Biologie, en Géologie des sols, en Histoire, en Physique, en techniques de crucifixion, en Médecine et en Numismatique. Mais, pourquoi Jésus fils de Dieu aurait-il dû payer son passage à Charon !? Pauvres pèlerins…
L’historien Jean-Christian Petitfils – Le linceul de Turin est-il authentique ?
L’historien Jean-Christian Petitfils, auteur du Dictionnaire amoureux de Jésus (Plon), répond aux questions de Sophie de Villeneuve dans l’émission « Mille questions à la foi » sur Radio Notre-Dame. Publié le 14 avril 2016.
Sophie de Villeneuve : Le linceul de Turin est-il vraiment celui qui a recouvert le corps de Jésus ou est-il un faux fabriqué au Moyen-Age, comme l’aurait démontré dans les années 1980 une étude au carbone 14 ? Il apparaît dans votre livre que vous croyez à son authenticité, malgré cette étude…
J.-C. P. : On peut d’abord dire au départ que ce n’est pas une question de foi, même on vénère ce linge depuis le Moyen-Age.
Vous voulez dire qu’on n’est pas obligé d’y croire ?
J.-C. P. : Bien sûr que non. Mais c’est une des plus insignes reliques de la chrétienté, avec la couronne d’épine. Elle a fait l’objet d’analyses scientifiques. On sait que ce linceul est un grand sergé de lin, tissé à chevrons en arêtes de poisson, de 4,40 m de long sur 1,10 m de large, de couleur beige sépia, présentant la face ventrale et dorsale d’un crucifié, mort, flagellé, torturé, qui présente tous les signes de la Passion, la marque du coup de lance sur le côté droit et des traces de la couronne d’épines. Ce linceul est mentionné dans l’évangile des Hébreux qui est un apocryphe, il aurait été emporté à Edesse où il serait resté jusqu’en 944, inspirant les représentations du visage du Christ, cheveux longs, petite mèche sur le front qui est en réalité sur le linceul une coulée de sang… En 944, il est emporté à Constantinople, et disparaît en 1204 dans le sac de Constantinople, pour réapparaître à Lirey en 1348. Aujourd’hui il se trouve à Turin et depuis 1983, il est la propriété du Saint-Siège.
L’histoire scientifique du linceul commence le 28 mai 1898, lorsqu’un photographe italien, le chevalier Secondo Pia, voit apparaître sur le négatif qu’il est en train de développer un visage en « positif », comme si l’image du linceul était elle-même un négatif photographique.
Révélation bouleversante !
J.-C. P. : Ensuite, dans les années 1930, un médecin a étudié sur des cadavres à l’hôpital Saint-Joseph les techniques de crucifixion, et il s’est aperçu qu’on ne pouvait pas mettre un clou dans les paumes de la main, contrairement à ce que montre toute l’iconographie. Car à chaque fois, les tissus se déchiraient et le corps tombait. Et que le clou devait donc être placé dans le poignet, à un endroit bien déterminé. Or le linceul de Turin présente la marque de cette blessure à cet endroit-là. Le professeur Vignon, lui, a repéré vingt points de convergence dans le visage de ce crucifié avec toute l’iconographie du visage du Christ à partir de la redécouverte de ce linge à Edesse en 744. En 1969, on a étudié les pollens présents sur le linge, et en 1978, s’est créée une association, le STURP, rassemblant de nombreux savants américains et étrangers qui font fait des tests de toutes sortes, microchimie, spectrographie, radiométrie infrarouge, microscopie optique, fluorescence ultraviolette, une analyse complète. Les conclusions sont claires : ce n’est ni une peinture, ni un frottis, ni une application sur un bas-relief, il n’y a aucune trace picturale.
C’est donc un objet incroyable…
J.-C. P. : Oui, la conclusion des savants est qu’il ne s’agit pas d’une image faite de la main de l’homme, qu’il s’agit d’un brunissement dégradé affectant le sommet des fibrilles du lin sur une épaisseur de 20 à 40 microns, qui varie selon la distance entre le corps et le drap. Une sorte donc de projection orthogonale, qui donne une image tridimensionnelle mise en relief par les savants américains. Par la suite, on a étudié les traces de sang, qui est bien du sang, on a vu des traces céreuses provoquées par des blessures et des écorchures invisibles à l’œil nu, et on en a conclu que ce linge était bien le linceul d’un homme crucifié et torturé. Quant à savoir si c’est bien celui du Christ, c’est la question.
Et puis tout à coup, catastrophe, le test au carbone 14…
J.-C. P. : En 1988, on décide de faire ce test. Les résultats sont publiés le 13 octobre, et datent le linceul d’une époque située entre 1260 et 1390. Ce sont les conclusions de trois laboratoires très sérieux, à Tucson, Oxford et Zurich. Les savants du STURP, qui n’avaient pas été associés à l’affaire, ont été très surpris. On s’est donc interrogé. On s’est d’abord aperçu que les résultats bruts n’ont jamais été donnés, et que l’étude a fait l’objet de quatre pages seulement dans la revue de très haut niveau scientifique Nature. On s’est aperçu ensuite qu’il n’y a pas eu de test en aveugle, et que les laboratoires se communiquaient leurs renseignements. Il y a eu quelques manquements au protocole, notamment un quatrième échantillon de contrôle ajouté à la dernière minute. Et, dans les seuls chiffres qui ont été publiés, on a trouvé une discordance importante. Le laboratoire d’Oxford donnait une date comprise entre 1262 et 1312, tandis que Zurich et Tucson entre 1353 et 1384. Vous me direz que c’est assez proche, mais il y a tout de même un trou entre les deux estimations, et le professeur chargé de superviser les travaux a fait la fusion, ce qu’il n’aurait jamais dû faire.
Donc l’analyse au carbone 14 pose problème ?
J.-C. P. : C’est difficile à dire, on n’a pas de certitudes. Mais on sait que les problèmes de décontamination sont difficiles à résoudre sur des linges anciens, qu’il y eu un incendie en 1532 à Chambéry dont on voit les traces sur le linceul, et qu’auparavant même il avait subi des détériorations.
Que peut-on dire alors aujourd’hui ?
J.-C. P. : Depuis, on a découvert à Budapest un codex dans lequel un dessin montre clairement le linceul, ce qui prouve que le linge existait en 1190. Ensuite, un professeur de l’université hébraïque de Jérusalem, en analysant les pollens, a découvert les traces d’une fleur qui a disparu au VIIIe siècle. Les travaux de savants américains montrent qu’il y a au moins 250 points de contact entre le visage de l’homme du linceul et la représentation du Christ pantocrator qui date du VIe siècle. Autre argument contre la datation du carbone 14, Mme Flury-Lemberg, une spécialiste des tissus anciens, au moment de la restauration du linceul en 2002, découvre que le type de couture qui relie le linceul à une pièce de tissu rapportée ne se retrouve qu’à Massada, et qu’il s’agit donc d’une couture du premier siècle. On a encore découvert depuis que le sang du linceul est de groupe AB, le même groupe que celui du sang de deux autres reliques, le suaire d’Oviedo et la tunique d’Argenteuil. Tous ces éléments convergent et nous amènent à croire qu’il s’agit du linceul de Jésus. Et cela nous amène à la question : Comment l’homme du linceul a-t-il pu sortir du linge et imprimer cette marque, alors que le tissu ne porte aucune trace d’avoir été arraché du corps.
Le mandylion et l’image d’Edesse
En 1978, Ian Wilson proposait que le linceul de Turin était en fait plié de tel façon que seul le visage apparaissait. Ce pliage permettait de faire correspondre le saint suaire à une relique connue depuis le VIe Siècle à savoir l’image d’Edesse également appelé Mandylion. La légende du roi Abgar qui parle de cette image, ferait remonter la « fabrication » de celle-ci par le Christ lui-même. Cette hypothèse ferait donc remonter le linceul de Turin au 1er siècle en faisant de ce tissu un linceul authentique.
Le Mandylion ou Image d’Édesse est, selon une tradition chrétienne, une relique consistant en une pièce de tissu rectangulaire sur laquelle l’image du Christ (ou Sainte Face) a été miraculeusement imprimée de son vivant. Pour l’Église orthodoxe, il s’agit de la première icône (du mot grec signifiant « image »).
La première mention de l’existence d’une image physique du Christ remonte au vie siècle, dans l’antique ville d’Édesse (auj. Urfa ou Şanlıurfa). Cette image fut transportée à Constantinople au xe siècle. Le tissu disparaît de Constantinople au cours de la Quatrième croisade (Sac de Constantinople) en 1204, réapparaît en tant que relique conservée par saint Louis à la Sainte Chapelle. Il disparaît définitivement lors de la Révolution française.
Pour aller plus loin:
Le site officiel: http://www.sindone.org/diocesitorino/s2magazine/index1.jsp?idPagina=24122
Le site http://www.suaire-science.com/ Suaire et science Synthèse actualisée du dossier scientifique du Suaire de Turin en français.
Le site englophone le plus à jour sur les derniers développements: https://shroudstory.com/
Le site http://biblio.domuni.org/articleshum/saintsuaire/index.htm ou http://archive.li/6eqY4 Science et Spiritualité Etude réalisée par Jean-Michel MALDAMÉ, dominicain. Le Saint Suaire ou Linceul de Turin étude historique, théologique, philosophique et scientifique JeanMichel Maldamé est dominicain, Docteur en théologie, Professeur à la Faculté de Théologie de l’Institut catholique de Toulouse, Doyen émérite de la Faculté de philosophie de l’Institut catholique de Toulouse, enseignant à Domuni et membre de l’Académie pontificale des Sciences.
Le site http://www.linceul-turin.com/relique-christ-ou-faux-linceul.html est le site de toutes les découvertes. La vérité avant tout.
La page de wikipedia sur le mandylion: https://fr.wikipedia.org/wiki/Mandylion